Ce que j’aurais aimé savoir au début de mon doctorat

Mon premier article solo est disponible en accès libre 🙂 : https://www.erudit.org/fr/revues/crimino/2025-v58-n1-crimino010007/1117824ar/

Quand j’ai entamé mon parcours doctoral, je ne comprenais pas encore les règles du jeu de la publication scientifique. J’avais certes réussi à faire publier un livre issu de mon mémoire de maîtrise, en évitant de justesse les maisons prédatrices, mais je ne savais rien du poids relatif d’un article, d’un chapitre ou d’un rapport dans l’univers académique. Or, chaque format porte une valeur différente : l’article évalué par les pairs reste la norme pour faire carrière, tandis que les rapports s’inscrivent davantage dans les dialogues politiques ou les mandats institutionnels, sans pour autant avoir le même impact académique.  Même la position d’auteur·e, premier, deuxième ou dernier·e, n’est jamais anodine. Elle reflète en général le niveau de contribution, et non le statut académique ou le fait d’avoir obtenu le financement du projet. Ces subtilités ne m’étaient pas claires au départ, mais elles ont des implications importantes pour la reconnaissance de son travail.

Alors pourquoi publier ? Pour entrer dans une conversation savante. Le processus de révision par les pairs, aussi exigeant soit-il, permet d’extraire la substance de son propos, de le clarifier, de le solidifier. Un article repose généralement sur un cadre théorique clair et des données empiriques solides. Il doit formuler une contribution précise à un débat existant, et non simplement exposer des résultats. Cela suppose de savoir quel message on veut faire passer, de choisir une porte d’entrée dans sa thèse, car tout ne peut pas être dit à la fois, et de s’inscrire explicitement dans la littérature : que disent les travaux antérieurs et que vient combler votre article ?

Ce n’est pas un exercice que l’on réussit du premier coup. Je garde en mémoire certains reviewers (personnes évaluatrices) dont les suggestions formulées avec rigueur et bienveillance ont considérablement amélioré mon texte. Et d’autres, plus maladroits ou abrupts : « un article hors sol qui n’apporte rien » (reviewer 2, ouch !). Mais aussi des remarques plus constructives, comme celle sur un titre jugé « convenu et ennuyeux », suivie de cette invitation bienvenue : « Pourquoi ne pas proposer un titre plus punché, et mieux mettre en valeur ce qui donne toute l’originalité de cet article ? » Ce type de commentaire, bien que déstabilisant sur le moment, pousse à affiner ses choix et à affirmer la singularité de sa pensée.

Le processus est long. Entre la soumission de mon article en juin 2024 et sa publication effective en mai 2025, presque un an s’est écoulé. Il faut s’armer de patience, et surtout comprendre que la publication n’est pas une fin en soi, mais un moyen de structurer sa pensée, de la mettre à l’épreuve, et de la faire avancer.

Alors si vous débutez, voici quelques conseils que j’aurais aimé recevoir :

Cinq conseils pratiques pour publier sans (trop) s’égarer :

  • Ne pas attendre la fin de sa thèse pour publier : plus tôt vous entrez dans le processus, plus vous comprenez les codes et gagnez en confiance. Mais ne cédez pas à la pression du publish or perish : c’est tout à fait acceptable de n’avoir qu’un seul article mûr, prêt à être « enfanté », à la toute fin du parcours.
  • Choisir une revue adaptée à son sujet : lisez les derniers numéros pour vérifier si votre article s’inscrit bien dans la ligne éditoriale.
  • Éviter le piège du “tout dire” : un bon article se concentre sur une seule idée forte, solidement argumentée.
  •  Travailler avec un·e co-auteur·e expérimenté·e, un aîné ou mentor académique capable de relire plusieurs versions du texte et d’aider à le structurer avant la soumission finale aux reviewers, peut aider à naviguer plus sereinement le processus de publication et à en comprendre les rouages.
  • Ne jamais négliger la forme : un article bien écrit, clair et fluide a plus de chances d’être retenu qu’un texte confus, même s’il est théoriquement pertinent.

🤖 Et maintenant que l’intelligence artificielle transforme nos pratiques d’écriture, je me demande : que deviendra ce long processus, imparfait mais formateur, auquel nous avons tant donné ?

Et vous, quelles leçons avez-vous tirées de votre première publication scientifique ?

Bref, mon dernier article est disponible en accès libre, merci aux éditeurs et aux évaluateurs : https://www.erudit.org/fr/revues/crimino/2025-v58-n1-crimino010007/1117824ar/

source illustration: https://amlbrown.com/2015/11/10/how-not-to-be-reviewer-2/

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